18 octobre 2010

On the road


Oy! Oy! Quelle fin de semaine!
Avant de racconter les choses merveilleuses qu'on a faites (et vues), avec Camille lors de ma visite à Strasbourg, je fais une petite introduction qui pourrait s'intituler: "Petit traité sur les aléas du transport, ou Comment se débrouiller à tout prix lors d'une grève des cheminots".
En effet, Camille et moi nous étions mis en tête d'aller visiter la chapelle Notre Dame du Haut à Ronchamp, de Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier.
Pour me rendre chez Camille, j'ai pris le train jusqu'à Luxembourg, et enchaîné avec un co-voiturage Luxembourg-Strasbourg. Ça m'a permis d'économiser quelques euros, et de visiter la ville pendant quelques heures. Je suis bien arrivée à Strasbourg, à l'heure et sans aventures. Ç'aura été le dernier trajet normal du week-end, mais ça, je ne le savais pas...
Sans parler de la malchance que nous avons subie avec la pluie et le brouillard le jour de la visite de "La Chapelle de la lumière", j'évoquerai la grève de la SNCF, qui nous empêchait de prendre le train Stras-Ronchamp. Débrouillardes comme nous sommes, nous avons trouvé un covoiturage avec un conducteur qui allait à Belfort, mais qui acceptait de nous faire un détour par Ronchamp. Petites cartes explicatives qui vous montrera bien à quel point Ronchamp, c'est l'isolation même.



Nous sommes donc parties à 8:00 avec notre covoitureur qui en a profité pour nous faire un petit tour de Belfort, avec ses fortifications et son fameux lion. Au moment du départ, nous abordons quelques touristes pour voir s'il n'y en a pas qui vont à Belfort, parce qu'il y a un train (un ou deux par jour) qui va à Strasbourg. Pas de chance. Un couple accepte de nous accompagner à Ronchamp dans le village. Je précise qu'à ce moment, il pleut, et il fait froid. Nous allons au bureau touristique de Ronchamp pour se renseigner au sujet d'éventuels bus qui nous sortiraient de ce bled. Pas de chance, fermé. Alors, prenant notre courage à deux pouces, on fait de l'autostop. Au bout d'une dizaine de minutes, un groupe d'allemands qu'on avait déjà croisé à la chapelle s'arrête pour nous, et finit par nous préciser qu'ils passent par Mulhouse pour rentrer à Freibourg. Comme il y a un train de plus qui part de là pour Strasbourg, on leur demande de nous y accompagner. Très sympa, ils nous accompagnent à l'arrêt d'un tram, qui nous permet d'arriver à la gare pour prendre de dernier train vers Strasbourg. Ouf !

Jusque là, Camille aurait pu vous raconter tout ça. Ce qu’elle ne sait pas (encore), c’est la suite de mes aventures avec les grèves ferroviaires. Je suis donc repartie le dimanche avec la même conductrice pour aller à Luxembourg, où je devais prendre mon train vers Bruxelles qui partait à 20h20, pour arriver à 23h05. Au moment où le train démarre, nous entendons : « Bienvenue à bord du train en destination de Bruxelles. En raison de la grève de la SNCB en vigueur à partir de 22h aujourd’hui jusqu’à 22h demain, le terminus de ce train est Jemelle, et les arrêt intermédiaires sont d’autres villages paumés et inconnus de la Belgique ». Je vous montre une carte ?





Au début, on nous dit qu’il y aura peut-être des bus, puis, très vite : « La SNCB n’assure rien pour la continuation du voyage », et, ah, oui, il n’y a pas d’hôtel à Jemelle. Tous les passagers se mettent à remuer pour chercher des solutions. Certains, qui habitent Luxembourg, descendent au premier arrêt pour avoir le dernier train qui les ramène chez eux. Les autres, comme moi, préfèrent aller le plus loin possible dans la Belgique, pour se rapprocher de Bruxelles ou Namur, où ils vont. Les solidarités se nouent très vite. D’abord, les gens qui trouvent des amis qui acceptent de se déplacer au milieu de la nuit proposent aux gens dans le train de les accompagner. Les destinations s’échangent, les gens se rassemblent, et on se retrouve à être un groupe de 13 personnes en direction de Bruxelles, sans aucune solution. Le chauffeur, très sympa, nous donne un numéro de taxi, le seul dans la région. Il a un mini-van pour 8 personnes, et une voiture pour 4. On décide de se serrer un peu, de partager les coûts, et de se faire rembourser par la SNCB le lendemain. Très vite, un leader apparaît, qui récolte l’argent, un autre qui décide d’écrire à la SNCB. De mon côté, je rassemble les courriels de tout le monde, et nous décidons de vérifier si c’est bien légal, grève ou pas grève, d’abandonner les gens comme ça, au milieu de la nuit. Le train arrive en gare de Jemelle (pas de guichet automatique, pas de café, pas de machine à café, pas de distributeur automatique pour ceux qui ont faim, et 5 degrés dehors à peu près). On attend le taxi. Le mini-van arrive, et explique que, comme ils ont un contrat d’exclusivité avec la SNCB, la priorité est à ses employés qui les ont appelés juste après nous. Pas de voiture supplémentaire, donc, uniquement un van… Après que la solution la plus légale ait été envisagée (il en prend 8, fait l’aller de 1h15, puis le retour pour reprendre les 5 restants), on décide de s’entasser dans le van, sur les valises, serrés sur les banquettes, pour arriver au plus vite.
On finit par arriver à 23h30 à Bruxelles, un peu remués par la situation surréaliste. Malgré tout, la bonne humeur reste au rendez-vous, et tout le trajet s’est fait de plaisanterie en plaisanterie. Au final, avons-nous conclu, c’est une bonne histoire à raconter dans les soirées dans quelques années !

5 commentaires:

  1. Ohhhhhhh mon Dieu... Mais tu as fini par te rendre à bon port malgré tout! Tu es trop forte! Et le tout pour la "modique" somme de ?...

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  2. J'adore mon pays, tout est surréaliste rien ne va mais on garde le sourire!

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  3. C'est vrai que je me suis dit que c'était bien "ambiance belge", tout ça!
    Comme on était entassés à 13 dans le van, et qu'on n'a pas eu la voiture commandée, le chauffeur nous a fait "un prix": 500 euros, donc 38,5 chacun. Pas trop mal au final pour un tel trajet.

    Et au fait, après coup, je me suis dit que ces histoires, surtout à Ronchamp, avec la brume, l'autostop, et le van surchargé, c'était littéralement des stratégies barbares pour sortir de la brume monstrueuse!!

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  4. Incroyable! Tu devais te sentir comme dans un tourbillon et ca n'arrête jamais! et ca valait le coup tout de même cette chapelle?

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  5. Je l'ai trouvée très belle. J'étais d'abord un peu sceptique sur le "mysticisme" que je trouvais absent. Mais on est tombés sur une chorale qui a empli l'espace de chants, et ça a vraiment transformé la chapelle entière!

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